Étymologie des patronymes Ayrault, Burgaud, Jottereau, Piboleau, Robin, Sabourin et Savarit



La rubrique « Nom de famille » sur Généanet propose l'étymologie de nombreux patronymes. Mais les définitions avancées ne sont pas pour autant les seules possibles. L'étude du patois poitevin, qui fut la langue parlée au moyen-âge dans l'ancienne province du Poitou, apporte une explication alternative pour les noms suivants, que l'on retrouve fréquemment dans cette région :


AYRAULT

Dans le cas de Ayrault, appliquée au Poitou, la définition qu'en donne Généanet me semble peu convaincante : « Nom porté dans l'Aude ainsi que dans l'Ouest (85, 79). Pour le sens, voir Airaudo. »

« Airaudo : Surtout porté dans les Alpes-Maritimes, c'est un nom piémontais qui correspond à l'italien Airaldi. Au départ, il s'agit d'un nom de personne d'origine germanique, Hariwald (hari = armée + wald = qui gouverne). »

Or, dans le dictionnaire de patois on trouve tout simplement : « Ayrault, s. m. — Petite cour, petite aire. » Donc un patronyme ayant peut-être pour source un toponyme, suivant la même logique que pour le patronyme Quairé (v. ce billet).


BURGAUD

GNN : « Nom de personne d'origine germanique, Burgwald (burg = lieu fortifié + wald < waldan = gouverner). C'est en Vendée que le patronyme est le plus répandu. Variante Burgot : Le nom est surtout porté dans l'Ouest (35, 50, 76). Il devrait s'agir d'une variante graphique de Burgaud. »

Mais dans le patois, on relève : « Burgot, s. m. — Couvert de bure. On nommait ainsi quelques religieux du moyen-âge. Rabelais, dans ses Oeuvres complètes, parle des « moines burgotz », c’est-à-dire couverts de bure. »

Donc, par extension, un patronyme dont le sens n'est pas si éloigné de Lemoine, Moinet et Moinard (sobriquets désignant les moines du moyen-âge).




JOTTEREAU

Généanet ne propose aucune étymologie pour ce patronyme.

Le patois indique qu'il s'agit peut être d'un sobriquet se rapportant à une particularité physique : « Jottereau — Gonflement de la partie inférieure des joues. » 


PIBOLEAU

C'est un patronyme plutôt rare dans ma région. Selon Généanet :

« 
Pibouleau : Le nom est surtout porté dans l'Ariège. C'est un diminutif de l'occitan « pibol », qui désigne le peuplier. Un hameau s'appelle Pibouleau à Villeneuve-d'Olmes (09). On rencontre en Charente-Maritime les équivalents Piboleau, Pibolleau. Le peuplier est également à l'origine des noms Piboul (82), Piboule (86) et Pibouleu (11, 66). »

En patois on trouve aussi : « pibolou : joueur de flûte. » Ici, c'est pibolou qui tire logiquement son origine de pibol (
certaines flûtes sont taillées dans du bois de peuplier). Pibole est aussi le mot patois pour flûte.



ROBIN

GNN : « Très fréquent, c'est un diminutif de Robert porté dans toute la France, mais surtout en Vendée. »

Mais on relève également dans le patois : « Robin, adj. — Rouge. Vient du celtique rob, rouge. »



SABOURIN

Pour ce patronyme, le patois me paraît une explication beaucoup plus plausible. C'est dommage d'ailleurs, car j'aime beaucoup la définition qu'en donne Généanet :

« Nom originaire de la Charente. Surnom désignant sans doute une personne agréable (saveur). Le mot saveur ayant eu aussi le sens de sauce, il est possible cependant qu'il s'agisse du surnom d'un cuisinier. »

Mais le dictionnaire nous donne cette étymologie, toute simple et bien meilleure 
à mon sens : « Sabourin ou Savourin, s. m. — Savetier. »


SAVARIT

GNN : « Surtout porté dans le Nord-Pas-de-Calais et dans la Manche, c'est un nom de personne d'origine germanique, Savaric, Sabaric, formé sur les racines sav (sens obscur) et ric (= puissant). Autres formes : Savari (16, 79), Savaric (48), Savaris (53), Savarit (79). »

Patois : « Savari ou safari, s. m. — Vacarme (faire du bruit, crier, parler haut en breton). »

Ici, la similarité du mot n'est peut-être qu'une coïncidence, mais on peut penser à un sobriquet qui s'applique à une personne bruyante, qui parle fort.



Concernant la prononciation de certains patronymes
  • En patois, la pomme se prononce « poume » ; c’est ainsi que l’on trouve parfois Poumier dans les registres, au lieu de Pommier. 
  • Dans la pratique, le patois inverse aussi la syllabe ‘er’ donnant pour Berlin, Brelin ; Berthon, Breton ; Bernegoue, Brenegoue, etc.